Stomatite aphteuse récurrente : caractéristiques cliniques et prise en charge

Description de la stomatite aphteuse récurrente, caractérisée par des poussées épisodiques provoquant un inconfort important et une altération des fonctions buccales, en mettant l'accent sur la compréhension de ses caractéristiques cliniques et la mise en œuvre de modalités de traitement appropriées.

Juin 2019

Muguet buccal : le problème clinique

Les aphtes sont des ulcères localisés sur la muqueuse buccale. Ils peuvent être très douloureux et empêcher parfois la prise de nourriture. Il faut tenir compte du fait qu’il existe des maladies systémiques qui se manifestent par le muguet, comme la maladie coeliaque, la maladie de Crohn, la maladie de Behöth et les déficits immunitaires, parmi lesquels celui provoqué par le VIH.

Dans ce chapitre, nous parlerons essentiellement de stomatite aphteuse récurrente (SRA) limitée à la muqueuse buccale et en l’ absence de maladie systémique, c’est-à-dire idiopathique.

Ce trouble est le plus fréquemment rencontré parmi les affections de la muqueuse buccale et touche jusqu’à 25 pour cent de la population à un moment donné de la vie.

Elle se caractérise par des poussées récurrentes de durée variable selon la forme clinique. Tant que dure l’épisode, le patient a du mal à parler, à manger et à se nettoyer la bouche.

Bien qu’elle ait été largement étudiée, les connaissances sur son étiologie sont limitées et le traitement est actuellement symptomatique.

Formes cliniques :  trois formes cliniques fondamentales sont décrites :

  • RAS de type 1 ou mineur : c’est le plus fréquent et les patients ont généralement des antécédents familiaux avec cette pathologie. Il atteint 80 pour cent des personnes touchées par l’EAR. Les ulcères apparaissent généralement pour la première fois dans l’enfance et leur observation diminue après la troisième décennie de la vie. 

    Les ulcères sont plats, de forme arrondie avec une base jaunâtre ou grisâtre et sont entourés d’un halo inflammatoire. Ils ont un diamètre de 2 à 8 mm et affectent majoritairement la muqueuse labiale, le plancher buccal et la face ventrale de la langue. On les trouve rarement sur le dos de la langue ou sur le palais dur. 
    Après quelques semaines, ils guérissent spontanément sans laisser de cicatrices.
     
  • Type 2 ou EAR majeure : elle est beaucoup moins fréquente que la précédente, atteignant 10 % des personnes touchées par EAR. 

    On l’appelle aussi « périadénite muqueuse nécrotique récurrente » . Les ulcères sont plus gros : 1 cm ou plus, sont accompagnés de pseudomembranes grises et ont une distribution plus large, s’étendant jusqu’au palais dur et à l’arrière de la langue. 
    L’épidémie peut durer jusqu’à 6 semaines ou plus et le risque de cicatrices est également plus élevé.
     
  • Type 3 ou OREILLE herpétiforme : c’est le moins courant des trois. Bien qu’il porte ce nom, il n’est pas causé par le virus de l’herpès simplex. Elle se caractérise par un grand nombre d’ulcères profonds (jusqu’à 100) qui convergent souvent. Les poussées disparaissent généralement en un mois sans laisser de cicatrices.

Tableau 1 : résultats dans les différentes formes cliniques*

                            OREILLE mineure OREILLE               majeure                   OREILLE herpétiforme

Selon le sexe,    la même chose prédomine chez les femmes

Morphologie     
                          lésions rondes lésions rondes ulcères petits 
                           ou ovales, pseudo- ou ovales, pseudo-profonds 
                          membranes généralement blanches membranes blanches convergentes 
                           grisâtres, halo grisâtre, halo contour irrégulier 
                           érythémateux érythémateux

Distribution  
                        lèvres, joues lèvres lèvres, joues, 
                        langue, plancher du palais mou langue plancher de 
                        la bouche pharynx bouche, gencives

Nombre d’ 
ulcères              1 à 5 1 à 10 10 à 100


Taille de l’ulcère    < 10 mm > 10 mm 2 à 3 mm

Pronostic   
                         les lésions guérissent les lésions persistent les lésions guérissent en 
                         4 à 14 jours > 6 semaines < 30 jours ; généralement pas  
                         sans cicatrices il y a généralement des cicatrices laissées 
                                                                des cicatrices

*D’Edgar NR, Saleh D, Miller, RA Stomatite aphteuse récurrente. Une critique. J Clin Aesthet Dermatol 2017 mars 10 (3) 26-36

Traitement

Thérapie topique : visant à prévenir la surinfection des ulcères existants, l’analgésie et à réduire l’inflammation. Pour prévenir l’infection des lésions, un rinçage avec de la chlorhexidine à 0,2 % (Cyteal dilué à 10 %) suivi d’un rinçage est suggéré.

Les corticostéroïdes topiques sont utiles dans le traitement. (Oralsone avec hydrocortisone, spray Fluticasone). En traitement à long terme, ils sont parfois administrés avec des antifongiques pour réduire le risque de candidose secondaire.

Thérapie systémique : la prednisone est recommandée à la dose initiale de 20 mg avec diminution progressive. Dans les cas où ils sont contre-indiqués, le montélukast, un antagoniste des leucotriènes, peut être utilisé à la dose de 10 mg par jour.

La thalidomide, à la dose de 50 à 100 mg par jour, est considérée comme l’immunomodulateur le plus efficace du SRA. Il ne faut évidemment pas perdre de vue ses effets tératogènes, c’est pourquoi son utilisation chez les femmes en âge de procréer est en principe déconseillée.

L’acide ascorbique à la dose de 2 000 mg/m2/jour s’est avéré utile dans les RAS mineurs.

Thérapie au laser : la thérapie au laser à faibles niveaux, avec des longueurs d’onde de 658 nm, peut être bénéfique en tant qu’adjuvant et des résultats égaux ou supérieurs au traitement pharmacologique ont été rapportés.

Lectures recommandées

  1. Edgar NR, Saleh D, Miller, RA Stomatite aphteuse récurrente. Une critique. J Clin Aesthet Dermatol 2017 mars 10 (3) 26-36
  2. Crispian Scully, Ulcération aphteuse, N Eng J Med 2006. 355 165-172

TROUBLES QUI NOUS TROUVENT EN GASTRENTEROLOGIE

Nous avons choisi ce titre pour définir un ensemble particulier de conditions difficiles à gérer. Selon le Dictionnaire de la Royal Academy, un trouble est défini comme une « légère altération de la santé » et le verbe bouleverser signifie « perturber ou supprimer la tranquillité ou la paix ». Les médecins sont souvent perturbés par ces affections qui, bien que peu graves, bouleversent grandement le patient et représentent un motif de consultation fréquent. Dans de nombreux cas, nous ne disposons pas d’un traitement efficace et la littérature est insuffisante pour nous aider. L’objectif de ce guide est de savoir où nous en sommes dans l’étude et le traitement de ces troubles, ce qu’en pensent les experts et ce qu’apporte la médecine factuelle.

Indice de série

  1. muguet buccal
  2. bouche brûlante
  3. Dans chacun d’eux nous ferons une introduction où nous résumerons les bases des connaissances médicales actuelles et les traitements habituellement recommandés. Ci-dessous, nous ferons référence plus en détail à la littérature recommandée et à ce qui éclaire la médecine factuelle lorsqu’elle est disponible.
  4. Douleur ano-rectale fonctionnelle.
  5. Éructations
  6. ballon
  7. Mauvaise haleine
  8. Hoquet prolongé
  9. démangeaisons anales