L’ingestion de corps étrangers et de substances toxiques est une raison courante pour demander des soins d’urgence. Souvent, le patient pédiatrique est incapable de décrire la nature de l’ingestion et/ou l’heure de l’événement. Cela peut constituer des obstacles importants tant pour les soignants que pour l’équipe médicale.
Les pièces de monnaie, les piles boutons, les aimants, les objets pointus et/ou de grande taille, les aliments, les substances absorbantes, l’alcool, les substances acides et alcalines, les détergents et les hydrocarbures sont des ingestions courantes. Chaque substance ou objet ingéré nécessite une gestion individualisée.
Ingestion de corps étrangers |
Le site le plus courant de piégeage de corps étrangers est la zone proximale de l’œsophage au niveau du muscle cricopharyngé. D’autres emplacements courants incluent l’œsophage moyen, au site de compression de la crosse aortique, et le sphincter œsophagien inférieur.
La plupart des corps étrangers ingérés par les enfants disparaissent spontanément sans complications ; cependant, le retrait endoscopique peut être nécessaire dans certaines situations.
Les paramètres à prendre en compte concernant la nécessité d’une élimination endoscopique des corps étrangers ingérés comprennent l’âge de l’enfant, son poids, sa présentation clinique, le temps écoulé depuis l’ingestion, le type et la taille du corps étranger, son emplacement dans le tractus gastro-intestinal et les anomalies intestinales. sous-jacente. Cette rubrique décrit les corps étrangers les plus fréquemment ingérés et leur prise en charge. (1)
> Pièces
Les pièces de monnaie restent les objets les plus fréquemment ingérés par les enfants aux États-Unis. Le retrait spontané de pièces de monnaie se produit chez environ 30 % des patients. Une fois qu’une pièce passe avec succès dans l’œsophage, elle est plus susceptible de progresser et de passer spontanément. Les facteurs qui influencent la probabilité de passage spontané comprennent la taille et l’emplacement de la pièce, ainsi que l’âge de l’individu.
Certaines pièces de monnaie américaines et canadiennes sont plus susceptibles de nécessiter une intervention endoscopique en raison de leur taille, allant de 23,5 à 25 mm de diamètre. En général, les pièces de plus de 25 mm traversent plus difficilement le pylore. Cela est particulièrement vrai pour les enfants de moins de 5 ans. (1)
La consommation de pièces peut varier dans la présentation. Les patients peuvent être asymptomatiques ou présenter une bave, des douleurs ou une détresse respiratoire secondaire à une compression trachéale. L’évaluation initiale en cas de suspicion d’ingestion de pièces de monnaie doit commencer par des radiographies abdominales pour identifier la présence et l’emplacement. Les radiographies latérales sont extrêmement utiles pour différencier les piles bouton des pièces de monnaie.
Les pièces logées dans l’œsophage doivent être retirées dans les 24 heures afin de minimiser le risque de blessure et/ou d’érosion du tissu œsophagien.
Si le patient se présente plus de 24 heures après l’ingestion ou si le moment est inconnu, un retrait endoscopique immédiat est recommandé. Une radiographie doit être réalisée avant l’endoscopie car le passage spontané d’une pièce de monnaie peut survenir chez jusqu’à 25 % des patients dans les 16 heures suivant l’ingestion. (2) Après le retrait endoscopique, un examen endoscopique minutieux de la muqueuse œsophagienne est nécessaire pour évaluer les dommages possibles.
Les lésions de la muqueuse peuvent nécessiter un traitement, y compris une suppression de l’acide et/ou des options d’alimentation alternatives, jusqu’à ce qu’une amélioration clinique soit démontrée. Les pièces au niveau gastrique peuvent être gérées sans intervention, sauf si des symptômes actifs tels que des douleurs abdominales apparaissent.
Une imagerie radiographique toutes les 1 à 2 semaines et une surveillance attentive des selles jusqu’à ce que la pièce soit passée sont recommandées. Si la pièce mesure plus de 25 mm de diamètre ou n’a pas dépassé le pylore depuis 4 semaines, un retrait endoscopique électif est recommandé. (2)
> Piles bouton
Les piles bouton sont présentes dans de nombreux articles ménagers, notamment les montres, les brosses à dents, les jouets et les cartes de vœux musicales. Les piles sont facilement ingérées et présentent un risque considérable de lésions des muqueuses, de nécrose et de perforation.
Avaler des piles bouton est considéré comme une urgence médicale.
Au contact de la muqueuse œsophagienne, la batterie produit des radicaux hydroxydes, qui entraînent des dommages chimiques. De plus, le courant électrique résultant du contact des pôles de la batterie avec les muqueuses provoque des dommages électriques au tissu œsophagien. Des modèles animaux ont démontré une nécrose de la lamina propria de l’œsophage dans les 15 minutes suivant l’ingestion. (23)
Dans une étude nationale portant sur les visites d’urgence liées aux batteries aux États-Unis de 1990 à 2009, environ 3 300 visites ont eu lieu chaque année chez des enfants de moins de 18 ans, et la fréquence continue d’augmenter. (4) L’utilisation accrue de la pile bouton au lithium 3 V de 20 mm a également entraîné une augmentation de la fréquence et de la gravité de l’ingestion de piles boutons.
Les enfants qui avalent des piles bouton peuvent ressentir de la douleur, de la bave, un stridor, des difficultés respiratoires, de l’irritabilité, de la fièvre ou un refus de s’alimenter. Certains enfants peuvent être asymptomatiques et sont amenés en consultation après une ingestion confirmée. Les professionnels doivent être attentifs à une éventuelle ingestion de piles bouton et commencer une enquête dès que possible. (3)
Une simple imagerie radiographique de la poitrine et de l’abdomen est recommandée pour toute ingestion suspectée de pile bouton. Les indices de la présence de piles bouton incluent le signe « double halo », qui est l’apparence à deux couches des bords de la batterie dans les vues de face, et le signe « descendre », décrit comme une projection centrale suggérant la présence d’un batterie en vues latérales. (3)
Selon les directives pédiatriques nationales, les piles bouton présentes dans l’œsophage doivent être retirées immédiatement (<2 heures), quelle que soit la présence de symptômes. Si la pile est située dans l’estomac et que l’enfant présente des symptômes ou a des antécédents d’anomalies structurelles, une endoscopie d’urgence est nécessaire. Si la pile bouton a atteint le duodénum, elle devrait disparaître en moins de 72 heures et ne nécessitera pas de retrait endoscopique. (3)
Le degré élevé de morbidité lié à l’ingestion de piles boutons a conduit à rechercher une prise en charge optimale. Une étude récente d’Anfang et al. (5) ont démontré l’avantage de l’utilisation du miel ou du sucralfate comme agent neutralisant le pH pour atténuer les lésions œsophagiennes.
Les lignes directrices cliniques du Centre antipoison de la Capitale nationale ont été mises à jour pour recommander un traitement au miel ou au sucralfate (10 ml toutes les 10 minutes x 6 pour le miel et x 3 pour le sucralfate) en cas de suspicion d’ingestion de piles au lithium chez les enfants de plus de 12 mois. et chez qui l’ingestion a eu lieu moins de 12 heures avant la présentation.
Les complications graves liées à l’ingestion d’une pile bouton résultent d’une nécrose des tissus et peuvent inclure la formation d’une fistule trachéo-œsophagienne, une perforation de l’œsophage, le développement d’une sténose œsophagienne, une paralysie des cordes vocales, une médiastinite, un pneumothorax et une fistule aorto-entérique. (3)
Dans une enquête menée par le National Electrical Injury Surveillance System, 62 % des piles bouton ont été obtenues directement à partir du produit contenant la pile et 30 % se trouvaient à l’extérieur du produit.
La surveillance des jeunes enfants manipulant des produits alimentés par batterie doit être recommandée lors des visites pédiatriques de routine. La Commission de sécurité des produits de consommation exige que les fabricants sécurisent les compartiments à piles dans tous les produits commercialisés auprès des enfants de moins de 3 ans. (23)
> Aimants
La fréquence d’ingestion d’aimants chez les enfants est en augmentation, avec plus de 22 000 ingestions signalées entre 2002 et 2011. 50 % des ingestions d’aimants comprennent 2 aimants ou plus. (6) Souvent, un seul petit aimant peut passer spontanément. L’ingestion de plusieurs aimants, d’aimants en néodyme ou d’aimants auxquels sont attachés des corps étrangers est associée à un risque plus élevé de complications graves. (1)
Les aimants en néodyme se trouvent dans les jouets et les petits objets. Ces aimants ont une force d’attraction plus de 5 fois supérieure à celle des aimants conventionnels standards. Ils avaient auparavant été retirés du marché par la Commission de sécurité des produits de consommation en raison de problèmes de sécurité, mais les ventes de produits destinés aux personnes de 14 ans et plus ont repris depuis 2017.
Ces aimants ressemblent à un roulement à billes ou à un chapelet aux rayons X et peuvent parfois être confondus avec une bille métallique. Les aimants en néodyme sont également utilisés dans les perçages corporels et faciaux et font donc partie des objets les plus couramment ingérés par les enfants plus âgés et les adolescents. (2)
Chez les patients présentant une ingestion d’aimant suspectée ou confirmée, la rapidité du traitement est essentielle car les symptômes d’ingestion peuvent être non spécifiques. L’examen nécessitera une évaluation de l’obstruction ou de la perforation. (7) Les symptômes peuvent apparaître jusqu’à 7 jours après l’ingestion de l’aimant. Lorsqu’une ingestion d’aimants est suspectée, une radiographie doit être effectuée pour discerner le nombre et l’emplacement des aimants. (1)
Chez un patient ayant ingéré plusieurs aimants, une ablation endoscopique d’urgence est indiquée quels que soient les symptômes afin d’éviter une perforation latente. La chirurgie doit être envisagée lorsque l’ingestion d’un aimant s’est produite plus de 12 heures avant la présentation. (7)
Pour les patients qui ingèrent un seul aimant, une prise en charge conservatrice, comprenant une observation et un traitement laxatif, constitue une option thérapeutique raisonnable. Ces patients doivent être observés de manière contrôlée avec des radiographies en série jusqu’à ce que l’aimant ait terminé sa course. (2)
Le retrait endoscopique peut être justifié lorsqu’un seul aimant est ingéré lorsqu’il est de grande taille ou de forme inhabituelle ou lorsque l’enfant a moins de 5 ans. Si l’on craint que l’aimant ne passe pas comme prévu, le retrait endoscopique peut être justifié même lorsqu’un seul aimant a été ingéré.
Pour les aimants situés au-delà du ligament de Treitz mais n’ayant pas encore atteint l’iléon terminal, la prise en charge est controversée. Dans les centres médicaux ayant la capacité de réaliser une entéroscopie de l’intestin grêle, une ablation endoscopique peut être envisagée. Dans les centres ne disposant pas de cette capacité hautement spécialisée, ou en cas de perforation ou d’obstruction, l’intervention nécessite une laparotomie chirurgicale ou une laparoscopie. (2)
Le fait de ne pas éliminer rapidement ou adéquatement les aimants ingérés peut entraîner la formation de fistules entéro-entériques, de perforations, de péritonites et d’ischémie/nécrose intestinale, en particulier lorsque plusieurs aimants ont été ingérés. (2)
> Objets pointus ou volumineux
Dans les années 1900, les objets pointus étaient couramment ingérés, probablement en raison de la popularité des couches lavables et des épingles à couches. La fréquence et le type d’objets tranchants ingérés au fil du temps dépendent largement de facteurs culturels et de l’âge de l’individu.
Par exemple, l’ingestion d’épingles est plus courante dans les cultures où elles sont utilisées pour attacher les vêtements, et l’ingestion de cure-dents est plus fréquente chez les personnes âgées. L’ingestion d’objets longs est plus fréquente chez les adolescents et les adultes et est souvent intentionnelle.
Si les objets pointus ne sont pas retirés rapidement, ils présentent un risque important de complications graves. Une perforation par des objets pointus est rapportée chez jusqu’à 30 % des patients, avec un délai moyen de 10,4 jours. (2)
Comme pour les pièces de monnaie, la gestion de la déglutition d’objets volumineux dépend de la taille de l’objet et de l’âge de l’enfant. Il est peu probable que les objets de plus de 25 mm de diamètre franchissent le pylore, en particulier chez les jeunes enfants. Les objets de plus de 6 cm sont fréquemment piégés dans la deuxième partie du duodénum ou dans la valvule iléo-cæcale.
Les objets logés dans l’œsophage sont très préoccupants en raison du risque accru de perforation et sont également plus susceptibles de provoquer des symptômes tels que la dysphagie et/ou la douleur.
50 % des patients ayant déjà ingéré un objet pointu peuvent rester asymptomatiques pendant une période prolongée, même en cas de perforation intestinale. (2)
Si l’on soupçonne l’ingestion d’un objet pointu, des images radiographiques doivent être obtenues de toute urgence. Dans les cas où un piégeage œsophagien est suspecté, une endoscopie d’urgence est recommandée quel que soit le statut à jeun. (2)
La radiographie, la tomodensitométrie, l’imagerie par résonance magnétique, l’échographie et l’imagerie en série du tractus gastro-intestinal supérieur peuvent toutes être utilisées pour identifier les corps étrangers radio-opaques. Les objets qui ne sont pas radio-opaques, tels que ceux en plastique, en os, en verre et en bois, ne seront pas identifiés sans techniques d’imagerie orale assistée par contraste ; par conséquent, un indice de suspicion élevé devrait justifier une évaluation endoscopique. (2)(8) Les images radiographiques peuvent retarder le traitement lors de l’administration d’un produit de contraste oral.
Une consultation en oto-rhino-laryngologie, lorsqu’elle est disponible, doit être envisagée pour une laryngoscopie directe et l’ablation des éléments logés dans ou au-dessus du muscle cricopharyngé. Si un objet pointu est passé dans l’intestin grêle (distal du ligament de Treitz), une ablation chirurgicale doit être envisagée chez les enfants symptomatiques. (1)
Si le patient est asymptomatique et que l’objet se situe au-delà du duodénum, un suivi en milieu hospitalier avec des radiographies abdominales quotidiennes est justifié. Si l’objet pointu ne suit pas son cours dans les 4 jours prévus, la possibilité d’une perforation intestinale ou d’une anomalie congénitale doit être envisagée et une ablation chirurgicale peut être indiquée. (1)
Les objets de plus de 5 cm ou de plus de 2 cm de large chez les nourrissons et les jeunes enfants (de plus de 10 cm ou de plus de 2,5 cm de large chez les enfants plus âgés) nécessitent un retrait endoscopique rapide dans les 24 heures lorsqu’ils sont situés dans l’estomac.
Les complications liées à l’ingestion d’un objet pointu peuvent inclure une perforation (le plus souvent dans la région iléo-cæcale), une migration extraluminale, un abcès, une péritonite, des fistules, une pénétration d’organe, une rupture de l’artère carotide commune, une formation de fistule aorto-œsophagienne et la mort. (1)
Le risque de complications augmente avec le retard du diagnostic, en particulier lorsque plus de 48 heures s’écoulent après l’ingestion. L’ingestion d’objets longs ou volumineux présente des risques supplémentaires, tels qu’une nécrose par pression, une obstruction ou une perforation. (6)
> Alimentation
L’impaction alimentaire est souvent le symptôme révélateur d’un trouble pathologique de l’œsophage. Une anamnèse minutieuse doit être envisagée pour l’évaluation de l’œsophagite à éosinophiles, de l’œsophagite par reflux, de la sténose œsophagienne (soit de novo, soit après une réparation chirurgicale œsophagienne chez les patients ayant des antécédents de fistule trachéo-œsophagienne), de l’achalasie et d’autres troubles de la motilité œsophagienne. .
La viande est l’aliment le plus souvent concerné. (2) La présentation peut aller d’une légère dysphagie à une obstruction œsophagienne accompagnée de symptômes associés de douleur au cou et/ou de bave. (2)(6) Si l’aliment contaminé ne passe pas spontanément dans les 24 heures suivant le repas ou si le patient présente des symptômes d’impaction œsophagienne, un retrait endoscopique doit être effectué. Une obstruction œsophagienne accompagnée de salive et de douleurs cervicales nécessite une endoscopie d’urgence.
Le produit de contraste oral ne doit pas être administré car il peut s’accumuler au-dessus de l’aliment contaminé et être aspiré. (2) Le retrait des aliments contaminés peut nécessiter une approche progressive pendant l’endoscopie. (3) Des échantillons de biopsie doivent être prélevés à la fois dans l’œsophage distal et proximal pour évaluer la pathologie œsophagienne sous-jacente.
Ces patients nécessitent un suivi approprié pour garantir qu’une évaluation de ces éventuelles maladies sous-jacentes est effectuée et que des mesures préventives sont mises en place pour limiter la récidive de cette affection. (2)
> Objets absorbants
Les objets absorbants les plus courants sont les couches jetables et les produits d’hygiène féminine.
Certains fabricants ont commercialisé des jouets contenant des polymères superabsorbants. Les exemples incluent les jouets « magiques » qui poussent dans l’eau, allant des dinosaures aux boules d’eau et bien plus encore. Ils peuvent être dangereux lorsqu’ils sont ingérés en raison du risque d’expansion rapide du tractus gastro-intestinal entraînant une occlusion intestinale. (2)
Les patients présenteront des douleurs abdominales, une distension abdominale et/ou des vomissements. Les objets absorbants les plus couramment ingérés sont radiotransparents, les images radiographiques ne sont donc probablement pas utiles. Les études de contraste ne doivent pas être réalisées car elles pourraient retarder le traitement définitif.
Les patients doivent subir une endoscopie d’urgence. (2)
L’élimination rapide de ces substances est de la plus haute importance, car l’expansion continue des objets entraînera une aggravation de l’obstruction et davantage de complications. Même lorsque l’objet a atteint l’estomac, un retrait endoscopique urgent est recommandé pour éviter les obstructions. Les complications comprennent l’obstruction intestinale, la perforation, la septicémie et potentiellement la mort.
Ingestion de substances toxiques |
Les produits ménagers non pharmaceutiques se trouvent dans tous les foyers et sont couramment ingérés par les enfants. Normalement, ces substances ne sont pas toxiques si elles sont ingérées en quantités limitées ; Cependant, certaines substances peuvent causer des blessures graves, voire la mort. Les expositions involontaires surviennent le plus souvent chez les enfants de moins de 5 ans.
Les produits ménagers non pharmaceutiques les plus fréquemment ingérés comprennent les cosmétiques, les produits de nettoyage, les pesticides, les fournitures d’artisanat et d’art, les déodorants et les huiles essentielles. La clé pour prévenir l’ingestion de substances ménagères est de s’assurer qu’elles sont conservées dans leurs contenants d’origine étiquetés, hors de la portée des jeunes enfants.
Il peut être stressant pour les soignants de décider si l’ingestion nécessite des soins médicaux immédiats. Pour étiqueter une ingestion comme non toxique, le produit et les ingrédients doivent être clairement identifiés, la quantité ingérée doit être connue et doit être inférieure au niveau toxique, et l’enfant doit être asymptomatique.
> Alcools
L’alcool sous ses différentes formes peut être trouvé dans chaque foyer. Les produits contenant de l’alcool comprennent les parfums, les eaux de Cologne, les bains de bouche et les désinfectants pour les mains. L’éthanol est souvent utilisé comme solvant dans les médicaments contre la toux et le rhume pour prolonger leur durée de conservation. Même en cas d’ingestion accidentelle de petites quantités, les jeunes enfants courent un risque de complications. (9)
Les enfants exposés à l’alcool peuvent présenter un coma, une hypothermie, une hypoglycémie ou une acidose lactique. Le méthanol et l’éthylène glycol peuvent entraîner une acidose métabolique profonde à trou anionique et provoquer respectivement une toxicité oculaire et une néphrotoxicité. L’ingestion d’alcool isopropylique peut provoquer une gastrite et, en grande quantité, déprimer la fonction myocardique, entraînant une hypotension et un choc. (dix)
L’ingestion supérieure ou égale à 1,2 ml/kg d’éthanol pur nécessite souvent une hospitalisation et un traitement médical. Les taux sériques d’éthanol doivent être surveillés 1 heure après l’ingestion, et les taux de glycémie doivent être surveillés de près et reconstitués si nécessaire. Il est recommandé d’effectuer des tests d’électrolytes, d’azote uréique du sang, de créatinine, de gaz du sang artériel, d’électrocardiographie et de toxicologie sérique.(9)
En cas d’ingestion de méthanol ou d’éthylène glycol, un traitement par fomépizole, un inhibiteur de l’alcool déshydrogénase, doit être instauré, même si l’ingestion n’est pas confirmée en raison du risque exceptionnel de complications.
La dose de charge intraveineuse actuellement recommandée de fomépizole est de 15 mg/kg, suivie de 10 mg/kg toutes les 12 heures x 4 doses, puis de 15 mg/kg toutes les 12 heures jusqu’à ce que les concentrations d’éthylène glycol ou de méthanol soient inférieures à 20 mg/dl (< 3,22 mmol/l) et le patient est asymptomatique. (onze)
Si le fomépizole n’est pas disponible, l’éthanol intraveineux peut le remplacer car il inhibe de manière compétitive le métabolisme de l’éthylène glycol et du méthanol. (9) L’hémodialyse peut être envisagée chez les enfants présentant une acidose métabolique importante.
Le traitement à l’alcool isopropylique est favorable et met l’accent sur la prévention et la gestion du développement d’une défaillance multiviscérale.
La Commission de sécurité des produits de consommation de 1995 a exigé que toutes les bouteilles de rince-bouche contenant plus de 3 g d’éthanol soient munies de fermetures de sécurité enfants. Un étiquetage clair des produits fournit également des informations que les parents peuvent fournir lorsqu’ils contactent les professionnels du contrôle antipoison et de la santé. (9)
> Substances acides et alcalines
Les substances acides domestiques courantes comprennent l’acide sulfurique (détachants, batteries de voiture, nettoyants pour canalisations), l’acide nitrique (agents de nettoyage, engrais), l’acide chlorhydrique (nettoyants pour toilettes) et l’acide phosphorique (teinture capillaire). (10)(12)
Les blessures dues aux substances acides sont plus fréquentes dans l’estomac que dans l’œsophage en raison de la diminution de la tension superficielle des substances acides, ce qui leur permet de passer rapidement dans l’estomac. Malgré cet effet, des ingestions de gros volumes peuvent provoquer de graves lésions œsophagiennes. Les lésions de la muqueuse sont dues à une nécrose superficielle et à la formation de thrombus intravasculaire. Des cicatrices du tissu conjonctif peuvent survenir avec le temps. Les lésions plus profondes ont tendance à être moins fréquentes chez ces patients, mais peuvent néanmoins survenir. (13)
Les substances acides provoquent de graves douleurs oropharyngées lorsqu’elles sont initialement avalées. En conséquence, les patients ingèrent souvent de petites quantités. Les patients peuvent développer une dysphagie, une odynophagie, des douleurs abdominales, des vomissements et une hématémèse. Des symptômes inquiétants tels qu’une douleur sous-sternale peuvent indiquer une éventuelle perforation œsophagienne. (13) Certains patients restent asymptomatiques au moment de leur présentation.
Les substances alcalines ont tendance à être incolores et inodores et sont donc plus susceptibles d’être ingérées en grandes quantités. (12) Les substances alcalines fortes peuvent contenir de l’hydroxyde de sodium ou de l’hydroxyde de potassium et sont présentes dans les désinfectants, les piles discoïdes, l’eau de Javel et les savons.
Lorsqu’elles sont ingérées, les substances alcalines entraînent une nécrose liquéfactive et une saponification des tissus exposés, permettant leur pénétration plus profonde dans la sous-muqueuse et les tissus musculaires, entraînant des lésions tissulaires importantes.
Les fluides alcalins ont une tension superficielle plus élevée que les agents acides, ce qui permet aux substances de rester plus longtemps dans les tissus. Les agents hautement caustiques ont tendance à avoir un pH supérieur à 12. (12)
Les patients se présentent de la même manière que ceux ayant ingéré des substances acides. De plus, des brûlures ou des ulcérations de la bouche, des lèvres et de la langue peuvent survenir. Des symptômes des voies respiratoires supérieures, tels que l’enrouement et le stridor, sont observés lors de blessures plus graves. (12) La perforation de l’œsophage est plus fréquente chez les patients ayant un apport alcalin.
Les tests de laboratoire sont souvent utilisés pour déterminer le niveau de suivi et de soins de soutien requis, bien que les résultats ne soient pas toujours en corrélation avec le degré de lésion de la muqueuse. (12)
Des radiographies thoraciques sont recommandées chez tous les patients symptomatiques pour évaluer l’aspiration et la perforation de l’œsophage ou de l’estomac. (12) La tomodensitométrie devrait être réservée à la minorité des cas présentant des blessures graves afin d’éviter une exposition inutile aux rayonnements. (13)
L’évaluation des voies respiratoires est la première étape chez tous les patients présentant une ingestion caustique. Une réanimation liquidienne doit être initiée chez les patients hypotendus. La prise en charge de soutien comprend les inhibiteurs de la pompe à protons intraveineuse et les opioïdes.
L’utilisation de charbon actif n’est plus recommandée car il a été démontré qu’il entraîne des vomissements et une aspiration potentielle et une réexposition à la toxine. Les tentatives de neutralisation de la substance doivent être évitées car de la chaleur peut être produite par la réaction chimique résultante et aggraver davantage les dommages post-corrosifs.
La sonde nasogastrique ne doit pas être insérée sans guidage endoscopique car elle peut entraîner des infections, des reflux acides et un risque accru de sténose. (12)(13) Une méta-analyse de Katibe et al. (14) ont démontré qu’il n’existe aucune preuve de l’utilité des corticostéroïdes dans la prévention de la sténose.
Chez les patients symptomatiques, une évaluation endoscopique urgente doit être effectuée dans les 12 à 24 heures suivant l’ingestion.(10) Chez les patients asymptomatiques, le rôle de l’endoscopie reste controversé.(15) Il est généralement recommandé d’éviter l’endoscopie entre les jours 5 et 15 après l’ingestion. , compte tenu de la friabilité accrue des tissus et du risque de perforation.
Les antibiotiques sont recommandés chez tout enfant présentant une perforation secondaire à l’ingestion de substances caustiques. Chez les personnes sans perforation, les antibiotiques empiriques n’ont pas été associés à de meilleurs résultats.(10)
L’une des séquelles les plus courantes des lésions caustiques est la formation d’un rétrécissement de l’œsophage, qui peut nécessiter une dilatation endoscopique ou une prise en charge chirurgicale. D’autres complications tardives comprennent une dysmotilité de l’œsophage et de l’estomac, un risque accru de cancer de l’œsophage (adénocarcinome et carcinome épidermoïde) et une obstruction du défilé gastrique.(12)
> Détergents à lessive, tablettes et capsules pour lave-vaisselle
Les comprimés ou capsules de détergent à lessive ont été introduits sur le marché européen en 2001 et sur le marché américain en 2012. (16)(17) Ils ont été associés à de nombreux rapports d’exposition et d’ingestion. Le risque d’ingestion est plus important chez les enfants de moins de 6 ans, et plus particulièrement chez les enfants de moins de 3 ans. (dix)
Les preuves suggèrent que les effets cliniques de l’exposition aux capsules de détergent à lessive sont plus importants que ceux des autres formulations de lessive et des tablettes pour lave-vaisselle. (17) Les symptômes les plus courants comprennent les vomissements, la toux, la bave, les douleurs oculaires et la conjonctivite (dues à un contact direct avec la conjonctive) et la léthargie. Les patients peuvent également présenter des lésions de la muqueuse oropharyngée, une pneumopathie et une dépression respiratoire. (17)
La gestion de l’exposition et de l’ingestion de capsules de détergent est largement favorable. L’intubation et la ventilation mécanique sont indiquées dans les cas où une détresse respiratoire est observée. Les personnes présentant une atteinte oculaire doivent recevoir des irrigations abondantes avec une solution saline isotonique. (dix)
Les complications graves liées à l’ingestion peuvent inclure des convulsions, le coma, une insuffisance respiratoire, un arrêt cardiaque et la mort. Les complications à long terme n’ont pas été bien étudiées. Des lésions œsophagiennes, notamment des sténoses, ont été rapportées, et une endoscopie peut être justifiée si le patient présente des symptômes de dysphagie ou des douleurs abdominales persistantes.(18)
Plusieurs rapports de cas ont démontré un dysfonctionnement persistant de la déglutition, conduisant à une alimentation nasogastrique ou à des aliments épaissis à la sortie. (19) Ces patients nécessiteront un suivi à long terme avec une gastro-entérologie pédiatrique et une orthophonie.
> Hydrocarbures
Les hydrocarbures sont des composés organiques entièrement composés d’hydrogène et de carbone. Les hydrocarbures environnementaux courants comprennent les additifs pour essence, l’huile moteur, l’huile de lampe, les solvants, les cires synthétiques et certains produits de nettoyage ménagers.
Les hydrocarbures peuvent être subdivisés en haliphatiques (pétrole), aromatiques (toluène, benzène et zylène) et halogénés. Le type de substance ingérée peut suggérer le niveau de toxicité présent. (10) Tous les hydrocarbures ont la capacité de provoquer une toxicité pulmonaire grave.
Une ingestion accidentelle peut provoquer des signes d’aspiration aiguë et/ou une pneumopathie chimique. Les symptômes peuvent inclure la toux, la tachypnée, l’hypoxie et la dyspnée. Certains hydrocarbures (dérivés du bois, comme l’huile de pin) peuvent être absorbés dans le tractus intestinal et provoquer un œdème pulmonaire même sans antécédents d’aspiration.
L’exposition à des vapeurs d’hydrocarbures complexes est associée à des effets neurologiques importants, notamment une dépression du système nerveux central, un coma et des convulsions. Des arythmies cardiaques ont été observées suite à une exposition au tétrachlorure de carbone (lampes à lave) ainsi qu’à d’autres toxicités liées aux hydrocarbures.
Des radiographies pulmonaires doivent être réalisées chez les patients souffrant de détresse respiratoire. Si les images sont interprétées comme normales, une nouvelle imagerie doit être effectuée dans les 4 à 6 heures pour évaluer une lésion pulmonaire latente. (dix)
La prise en charge de ces patients est principalement solidaire. Le lavage gastrique ou le charbon actif ne sont pas indiqués. Les patients peuvent avoir besoin d’un supplément d’oxygène, d’intubation et de ventilation mécanique. Les bronchodilatateurs peuvent être utilisés chez les patients présentant une respiration sifflante.
L’utilisation de corticostéroïdes empiriques ou d’antibiotiques prophylactiques n’est pas recommandée. (10) L’admission pour surveillance cardiorespiratoire est recommandée pour les personnes présentant des symptômes ou des images anormales.
Prévention de l’ingestion de corps étrangers et de substances toxiques |
L’éducation des parents est essentielle pour assurer la sécurité des jeunes enfants. Il convient de conseiller aux parents de conserver tous les produits dans leurs contenants d’origine étiquetés. Cette pratique empêche l’enfant de confondre l’article avec quelque chose de moins dangereux et permet d’évaluer facilement les ingrédients en cas d’ingestion. Tous les objets potentiellement dangereux doivent être rangés hors de portée des enfants.
Des innovations pour des emballages plus sûrs sont en cours. Cependant, il n’a pas été démontré que ces modifications d’emballage réduisent de manière significative les expositions ; Par conséquent, l’éducation des parents reste le facteur le plus important disponible pour assurer la sécurité d’un enfant. (19)
Résumé
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