Points clés L’hypogonadisme masculin est-il un facteur de risque d’hospitalisation due au COVID-19 ? Résultats Dans cette étude de cohorte portant sur 723 hommes, ceux souffrant d’hypogonadisme avaient des risques significativement plus élevés que les hommes souffrant d’eugonadisme d’être hospitalisés, quels que soient les autres facteurs de risque connus d’hospitalisation liée au COVID-19. Les hommes ayant reçu un traitement à la testostérone présentaient un risque d’hospitalisation similaire à celui des hommes souffrant d’eugonadisme. Signification Cette étude suggère que les hommes souffrant d’hypogonadisme sont plus susceptibles d’être hospitalisés après une infection au COVID-19 que les hommes souffrant d’eugonadisme et les hommes recevant un traitement adéquat à la testostérone. |
La pandémie de COVID-19 a eu de lourdes conséquences sur la santé publique. Les données épidémiologiques ont identifié certaines caractéristiques associées à des effets indésirables, telles que l’âge avancé, l’obésité et les maladies systémiques, en particulier le diabète, l’hypertension, les maladies pulmonaires chroniques et les maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires. De plus, les patients hospitalisés pour le COVID-19 sont plus susceptibles d’être des hommes que des femmes. Par conséquent, il a été émis l’hypothèse que la testostérone est un facteur de risque de forme grave du COVID-19 et que les œstrogènes peuvent protéger contre le COVID-19.
Cependant, tous les hommes n’ont pas les mêmes concentrations de testostérone. Les concentrations de testostérone chez les hommes diminuent continuellement de 1 à 2 % par an à partir de la troisième décennie de la vie. De plus, l’obésité, le syndrome métabolique et les maladies chroniques telles que le diabète de type 2, l’insuffisance rénale et les maladies pulmonaires chroniques sont associés à des concentrations sériques plus faibles de testostérone chez les hommes. Ainsi, le vieillissement et la présence de comorbidités, qui sont des facteurs de risque d’hospitalisation liée à la COVID-19, sont également associés à l’hypogonadisme, soulevant la question de savoir si l’hypogonadisme est un facteur de risque d’hospitalisation liée à la COVID-19. entre les hommes.
Des études récentes ont montré que les concentrations de testostérone pendant l’hospitalisation sont plus faibles chez les hommes atteints d’une forme grave du COVID-19 que chez les hommes dont l’évolution de la maladie est plus légère. Étant donné qu’une maladie aiguë peut réduire les concentrations de testostérone, il n’était pas clair si les concentrations de testostérone chez les hommes atteints d’une maladie grave étaient inférieures à la normale avant même qu’ils ne contractent le COVID-19. Les hommes ayant des concentrations de testostérone chroniquement faibles ont moins de masse musculaire et moins de force, ce qui contribue à réduire la capacité pulmonaire et la dépendance au ventilateur. On ne sait toujours pas si les concentrations de testostérone chez les hommes avant la COVID-19 sont associées à l’évolution de la maladie après la COVID-19.
Nous avons examiné les dossiers médicaux d’hommes ayant des antécédents d’infection au COVID-19 et dont les concentrations de testostérone ont été mesurées en ambulatoire (alors qu’ils n’avaient pas le COVID-19). Nous avons émis l’hypothèse que les hommes ayant des concentrations de testostérone inférieures à la normale avant l’infection au COVID-19 seraient plus susceptibles de nécessiter une hospitalisation que les hommes ayant des concentrations de testostérone normales. Nous avons également étudié si le traitement à la testostérone (TTh) modifiait le risque d’hospitalisation chez les hommes souffrant d’hypogonadisme.
Importance
Le sexe masculin est associé à une forme grave du COVID-19. On ne sait pas si le risque d’hospitalisation diffère entre les hommes atteints d’hypogonadisme, les hommes atteints d’eugonadisme et ceux recevant un traitement à la testostérone (TTh).
But
Comparer les taux d’hospitalisation liés au COVID-19 pour les hommes atteints d’hypogonadisme qui ne recevaient pas de TTh, les hommes atteints d’eugonadisme et les hommes recevant du TTh.
Conception, environnement et participants
Cette étude de cohorte a été menée dans 2 grands systèmes de santé universitaires à St Louis, Missouri, auprès de 723 hommes ayant des antécédents de COVID-19 dont les concentrations de testostérone ont été mesurées entre le 1er janvier 2017 et le 31 décembre 2021.
Des expositions
La principale exposition était l’état gonadique (hypogonadisme, eugonadisme et TTh). L’hypogonadisme a été défini comme une concentration totale de testostérone inférieure à la limite de normalité fournie par le laboratoire (qui variait de 175 à 300 ng/dL [à convertir en nanomoles par litre, multiplier par 0,0347]).
Principaux résultats et mesures
Le principal critère de jugement était le taux d’hospitalisation pour COVID-19. Des ajustements statistiques ont été effectués pour tenir compte des différences entre les groupes en termes d’âge, d’indice de masse corporelle, de race et d’origine ethnique, d’immunosuppression et de comorbidités.
Résultats
Sur les 723 participants à l’étude (âge moyen [SD], 55 [14] ans ; indice de masse corporelle moyen [SD], 33,5 [7,3]), 116 hommes souffraient d’hypogonadisme, 427 d’eugonadisme et 180 recevaient du TTh.
Les hommes atteints d’hypogonadisme étaient plus susceptibles que les hommes atteints d’eugonadisme d’être hospitalisés en raison de la COVID-19 (52 sur 116 [45 %] contre 53 sur 427 [12 %] ; P < 0,001).
Après ajustement multivarié, les hommes atteints d’hypogonadisme étaient plus susceptibles que les hommes atteints d’eugonadisme d’être hospitalisés (rapport de cotes, 2,4 ; IC à 95 %, 1,4-4,4 ; P < 0,003).
Les hommes ayant reçu du TTh présentaient un risque d’hospitalisation similaire à celui des hommes atteints d’eugonadisme (rapport de cotes, 1,3 ; IC à 95 %, 0,7-2,3 ; P = 0,35). Les hommes qui ont reçu un TTh inadéquat (défini comme des concentrations de testostérone inférieures à la normale pendant qu’ils recevaient du TTh) présentaient un risque accru d’hospitalisation par rapport aux hommes qui avaient des concentrations de testostérone normales pendant qu’ils recevaient du TTh (rapport de cotes ajusté multivarié, 3,5 ; IC à 95 %, 1,5-8,6, P = 0,003).
Figure : Probabilité d’hospitalisation basée sur les concentrations de testostérone chez les hommes atteints d’hypogonadisme et d’eugonadisme, après ajustement multivariable en fonction de l’âge, de l’indice de masse corporelle, de l’indice de comorbidité de Charlson, de la race et de l’origine ethnique et du statut d’immunosuppression.
Conclusions et pertinence
Cette étude suggère que les hommes atteints d’ hypogonadisme étaient plus susceptibles d’être hospitalisés après une infection au COVID-19 que ceux atteints d’eugonadisme, quels que soient les autres facteurs de risque connus. Ce risque accru n’a pas été observé chez les hommes ayant reçu une TTh adéquate. Le dépistage et le traitement approprié de l’hypogonadisme doivent être évalués comme stratégie visant à prévenir les conséquences graves de la COVID-19 chez les hommes.
Discussion
Nous avons constaté que les hommes atteints d’hypogonadisme étaient 2,4 fois plus susceptibles que les hommes atteints d’eugonadisme d’être hospitalisés s’ils contractaient le COVID-19. Ce risque accru était indépendant d’autres facteurs qui augmentent le risque d’hospitalisation pour COVID-19, tels que l’âge avancé, les comorbidités et l’immunosuppression.
Cette découverte contraste avec l’idée répandue selon laquelle les hommes sont plus susceptibles que les femmes d’être admis en raison du COVID-19 parce qu’ils ont des concentrations plus élevées de testostérone en circulation. En revanche, nos données suggèrent que l’hypogonadisme masculin est un facteur de risque d’hospitalisation pour COVID-19.
Message final Les résultats de cette étude de cohorte suggèrent que les hommes atteints d’hypogonadisme sont plus susceptibles que les hommes atteints d’eugonadisme d’être hospitalisés après une infection au COVID-19. Ils suggèrent également que les hommes souffrant d’hypogonadisme qui reçoivent suffisamment de TTh pour atteindre des concentrations normales de testostérone ont un risque réduit d’hospitalisation liée au COVID-19. Des essais cliniques prospectifs sont nécessaires pour explorer l’efficacité du TTh dans la prévention des hospitalisations après le COVID-19 et des maladies respiratoires similaires chez les hommes souffrant d’hypogonadisme. |